POV Lydie
Je ne comprends pas. Il a dit qu’il me ramènerait tous les jours, et finalement il a annulé. Ni le soir, ni le matin. En plus il m’a limite engueulée parce que j’ai laissé un peu de peau sur une carotte. Ensuite quand je me suis coupée, il m’a regardée froidement et m’a dit que la prochaine fois il m’envoyait en salle, problèmes avec les serveurs ou pas. Finalement, il m’a dit que sa cousine ne pouvait pas venir, mais que je faisais ce que je voulais avec Daisuke. Le pauvre, il n’a compris que son nom dans la conversation, mais en me voyant limite pleurer après, il a eu l’air inquiet. Il m’a demandé si ça allait, je lui ai dit que oui, mais ça m’a coûté. Cédric m’a regardé d’un air désolé et je n’ai même pas compris pourquoi. Finalement Dan a eu pitié de moi parce qu’il m’a raccompagnée une heure en avance, en prenant Daisuke, toujours paumé. Je l’ai remercié, et il m’a serrée dans ses bras en me disant qu’il passerait demain pour voir si j’allais mieux et de me reposer entre-temps. J’ai sourit et ai attendu qu’il se soit éloigné pour fermer la porte. J’ai amené Daisuke à une des nombreuses chambres de la maison en lui expliquant qu’on ne travaillait pas le lendemain et lui ai proposé de lui faire visiter la maison et la région. Il a l’air très sympa, et comme il est timide et que je connais ça, et ben je l’aide autant que je peux. Peut être que je vais pouvoir le décoincer un peu, comme l’ont fait les garçons du restaurant. Enfin. Du coup maintenant on est dehors, en train de parler japonais, et les gens nous regardent bizarrement. Et m*rde. Qu’est-ce qu’il fait là ? Ah. Il m’ignore. J’ai espéré un peu mais bon, il n’est pas décidé à me pardonner de n’avoir fait je ne sais quoi. De toute façon, s’il veut m’ignorer et s’il croit qu’il va gagner la guerre froide, il se trompe. J’ai pris Daisuke par le bras, et nous sommes passés sans que je ne lui adresse un regard. De toute façon, je savais déjà que je n’avais aucune chance, mais changer de comportement comme ça, il faut le faire quand même. J’ai du me tromper à son propos.
_ Daisuke-kun, hayaku !
_ haï !
Il est mignon quad il sourit. Je sais qu’il a un mois de plus, mais il est tout innocent ! Il regarde tout comme s’il ouvrait les yeux pour la première fois. En même temps, c’est la première fois qu’il vient en France. D’ailleurs, il retourne au japon dans un mois pour l’anniversaire de son grand-père, et il m’a invitée à venir avec lui. Il veut me montrer le Japon, du coup je n’ose pas trop lui dire que j’y ai vécu pendant 5 ans. Mais c’est cool, parce que j’aurai tout juste fini mon stage. Je serai libérée de la méchanceté gratuite de David. Ah ! J’ai reçu un message de Gabriel ! Quel cochon, il ne m’a pas donné de nouvelles depuis… ben depuis que je suis ici. Je ne réponds pas… Je le lis juste.
« Salut poupoule… »
Ah non, il a quelque chose à m’annoncer ou à me demander. Dans tous les cas je ne vais pas aimer… Donc :
« Salut poupoule, je sais, tu te dis que tu ne vas pas aimer, détrompes-toi ! Je voulais juste t’annoncer que mes parents partent en vacances avec mon frère et ma sœur chez ma tante à Lille, et j’ai réussi à les convaincre de me laisser ici, du coup j’ai pensé venir te voir. Dis-moi ce que t’en pense, bisous »
Alors là ! Kyaaaaaaaaaa je suis trop contente ! J’explique rapidement à Daisuke la raison de mon bonheur soudain tout en répondant à Gabi, malgré ma résolution de ne pas lui parler. Il est encore plus rapide à m’envoyer un nouveau message m’annonçant son arrivée demain.
(Les paroles en vert sont en japonais)
_ Viens Daisuke-kun, on va faire les courses, Gabi arrive demain ! Je suis trop contente !
_ Il parle japonais ?
_ Oui je lui ai appris. Il ne comprend pas tout et ne le parle pas aussi bien que toi, mais comme moi non plus, je suppose que ça ira. Ça te dit d’aller au restaurant demain pour fêter ça ?
_ Hai !
_ Génial. Ah j’ai une idée ! On pourra tous les trois dormir dans le salon, comme ça on regardera un film cool et après et ben on aura plus besoin de se lever pour retourner se coucher !
Il a l’air un peu perdu le petit Daisuke-kun. En même temps, il n’est surement pas habitué à ça, au japon, tout est toujours calme, en plus, après l’enfance, les gens rendent rarement visite aux autres, ou alors ils s’excusent platement de « déranger ». Du coup ça doit lui faire bizarre. Au début il n’a pas compris quand Cédric est passé pour nous remettre ses affaires. C’est sûr que si on ne lui a pas expliqué…
***
Je me suis levée trop tôt ce matin ! Il n’était même pas huit heures ! Je suppose que c’est l’habitude de me lever pour aller au restaurant. Ou alors c’est juste à cause du rêve trop flippant que j’ai fait, dans lequel je me faisais poursuivre par le garde du corps d’un canadien milliardaire parce que j’ai osé dire à son fils que je ne l’aimais pas. N’empêche, si je ne m’étais pas réveillée, je serais morte dans le rêve ! Parce qu’il avait un flingue le type ! Enfin, tout ça pour dire que Daisuke s’est réveillé presqu’une heure après moi, et qu’il a eu l’air étonné de me voir. Il m’a fait un petit déjeuné typique japonais, vu que je n’avais pas encore mangé. C’était bon, mais le riz dès le matin, j’en raffole pas. Je préfère une bonne petite tranche de pain grillée au beurre et à la confiture de coing s’il y en a, avec un verre de jus de pamplemousse. J’ai horreur du Nutella, et je ne mange presque pas de chocolat. Enfin bref, maintenant il est onze heures, et j’attends Gabi avec Daisuke qui a insisté pour m’accompagner à la gare. Ah le voilà !
_ Gabi !
_ Ah ma Lydie chérie ! Je suppose que c’est Daisuke ? Hajimemashite
_ Haha, je crois qu’il se fiche de toi, d’après le petit sourire qu’il vient de faire. Daisuke, tu l’as vexé en rigolant.
_ Ah… Pallldon…
_ Kawai Daisuke-kun !
Un petit topo de la journée qui s’annonce en chemin vers la maison pour poser ses affaires et c’est parti pour un restaurant. Un petit truc en bord de mer ça peut être sympa.
_ Des moules ça te dit ?
_ Parfait.
***
Ah… c’était vraiment trop bon, mais je crois que j’en ai abusé. J’ai fait un petit résumé à Gabriel et il a été choqué du comportement de David envers moi. Après il m’a raconté sa semaine. Il paraît que son frère, Fred, n’a pas arrêté de demander de mes nouvelles, d’où la raison de son silence pour le faire enrager. En fait son frère à un an de moins que moi, donc deux de moins que Gabi, et essaye depuis trois ans de sortir avec moi, au grand désespoir de Camille, sa sœur jumelle qui ne peut pas me supporter. Gabriel dit que c’est de la jalousie. Je lui pique ses deux frères, il faut comprendre blablabla. Moi je dis qu’elle ne m’aime pas c’est tout. Je ne cherche pas à savoir pourquoi. De toute façon je ne l’aime pas non plus. Bref, Gabriel me fait toujours rire avec ses histoires de famille. Nous avons d’ailleurs traduit à Dai-kun (oui son nom était trop long alors j’ai abrégé) et malgré toute sa retenue, il n’a pas pu s’empêcher de rire non plus. Et maintenant nous préparons notre petite soirée de ce soir. Dai-kun et Gabi sont dans le rayon dvd pendant que je cherche une boisson. Coca… non je n’aime pas, je ne vais pas dépenser de l’argent pour les regarder en boire. Fanta ça a le goût de médicaments… ah du Sprite. Trop délicieux ! Parfait, il ne manque plus que je pop-corn. Du pop corn…. Miam trop bon. En fait, je veux peut être travailler dans la cuisine plus tard, mais ça ne m’empêche pas d’aimer aussi la malbouffe. Même si je préfère le bon restaurant du coin, dont je ne citerai pas le nom.
_ Enfin quand même ! Vous auriez pu éviter de prendre un film à quinze euros, un film débile aurait suffi ! En plus, je n’aime pas les films d’horreurs. Tu le sais. Mais bon, je te pardonne parce que je t’ai pas vu depuis longtemps et… AH ! Qui ose m’appeler quand mon portable est sur vibreur ! Ça me fait sursauter à chaque fois !
_ Décroche Ly et tais-toi…
_ En aurais-tu déjà assez de mes plaintes incessantes ? Il ne fallait pas devenir mon meilleur ami.
_ Grumjuongud…
_ Chut, c’est Dan.
_ C’est qui ça encore. Un autre de tes prétendants ?
_ Fais le taire s’il te plait… Oui Allo ?
_ Lydie, t’es où ? David te cherche.
_ Et ?
_ Et Cédric lui a dit qu’il venait de te voir avec un Daisuke et un autre jeune de ton âge qu’il n’a jamais vu, et David est parti te chercher dès que Cédric lui a dit que vous vous disputiez…
_ Mais vous êtes pas au restaurant, vous êtes tout le temps ensemble ou quoi ?
_ Non, mais Cédric a appelé David puis il m’a appelé en pensant avoir fait une bêtise. Si t’es dans le centre comme Cédric l’a dit, David ne va pas tarder à arriver, et apparemment, il est de mauvaise humeur.
_ Lydie !
_ Oui il est là… je te laisse. Qu’est-ce que tu veux ?
Ok, je sais que je suis désagréable, mais déjà il est insupportable et ensuite il veut surveiller mes relations.
_ Cédric m’a dit que tu te disputais avec un gars plutôt balèze.
_ Alors, déjà je ne parlais qu’avec Dai-kun et Gabi, qui est mon meilleur ami, et même si je me disputais avec quelqu’un, je ne vois pas pourquoi tu aurais besoin d’intervenir.
POV omniscient
En entendant cela, David se dit qu’effectivement il n’avait pas le droit d’intervenir dans ses relations, mais son sang n’avait fait qu’un tour quand son ami lui avait annoncé qu’elle avait un problème. Il voulait cependant juste la sécurité de la jeune fille. Et même s’il ne l’avait pas montré le jour précédent, il voulait juste qu’elle ne s’embarque pas dans des choses ayant mauvaise allure. En plus, après avoir regardé le garçon en question, il n’était pas si costaud que ça. Il s’était juste encore fait avoir par son meilleur ami. Il se demanda alors si le fait qu’il se soit immédiatement précipité n’avait pas un rapport avec des sentiments qu’il pourrait éprouver envers la jeune stagiaire, avant de se dire qu’il l’a considérait juste comme une petite sœur, et que ça devait être pareil pour elle, mais qu’elle ne savait pas ce qu’était d’avoir un frère, et pensait donc ressentir autre chose. Il se détendit donc d’un coup et se mit à rire.
_ Pourquoi tu te moque de moi ?
_ Non, non t’inquiète, je me ne me moque pas de toi, mais tu sais, quand Cédric m’a dit que tu étais amoureuse de moi j’ai…
_ Cédric-a-dit-quoi ?
_ On non, murmura Gabriel un peu en retrait
_ Non, mais t’inquiète pas, j’ai compris maintenant. En réalité, tu me vois plus comme un grand frère. Sauf que tu ne t’en rends pas compte. Mais un jour tu vas avoir un déclic et là tu réaliseras.
Les yeux de Lydie commencèrent à s’embuer. Elle pensa que même si les paroles de David ne se voulaient pas méchantes, elles la blessaient profondément. En effet, elle avait l’impression qu’il rabaissait ses sentiments et qu’elle venait de se prendre le plus gros râteau de sa vie. Elle ne lui répondit pas, lui tourna juste simplement le dos, et s’éloigna, complètement sous le choc, le laissant dans l’incompréhension la plus complète. Gabi se décida à la suivre après avoir trucidé le crush de son amie du regard et entraîna Daisuke avec lui. Ils la retrouvèrent deux rues plus loin, en pleurs. Gabi s’approcha d’elle et la pris par la main avant de la guider doucement jusqu’à chez elle. De son côté, David rentra chez lui se demandant ce qu’il était arrivé à sa stagiaire, ne trouvant pas la raison pour laquelle elle avait eu une telle réaction. Il appela Cédric et lui raconta les faits. Celui-ci, agacé par son comportement lui cria presque qu’il était complètement stupide et que tout le monde avait remarqué qu’elle était amoureuse de lui, alors il avait très certainement heurté ses sentiments.
_ Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse ! Une gamine de dix-sept ans qui tombe amoureuse de moi ! J’ai douze ans de plus Cédric. C’est énorme ! Est-ce que tu réalises ? Ça veut dire que si, je dis bien si, si je partageais ses sentiments, je risquerais la prison ! Tu imagine le regard des autres ? En plus quoi, elle est tombée amoureuse seulement parce que je suis plus âgé, je me comporte surement avec elle de la même manière qu’un ami !
_ Tu crois vraiment qu’un simple ami se serait autant angoissé jusqu’à aller la chercher s’il la croyait en danger ?
_ Mais je n’aurais rien à lui offrir ! Je n’ai pas un revenu extraordinaire, je ne suis pas beau…
_ Les filles te courent après.
_ C’est faux ! De toute façon, je ne vois pas ce qu’elle me trouve, et il faut qu’elle se fasse à l’idée que ça ne peut pas être réciproque.
_ Tu sais David, ce n’est pas elle qui m’appelle pour me parler de toi pendant plus de dix minutes. Et pour répondre à ce que tu m’as dit tout à l’heure, le fait qu’elle soit souvent seule l’a rendue plus mature que n’importe quelle autre fille de son âge.
_ Mais elle n’est pas n’importe quelle autre fille de son âge !
_ Exactement. Mais ça, tu es le seul à ne pas l’avoir remarqué plus tôt. D’ailleurs… non, rien, bonne nuit.
Et il raccrocha. Aussi stupide que cela puisse paraître, il avait remarqué qu’il ne se comportait pas vraiment en grand-frère avec toutes ses petites attentions discrètes. Et il avait aussi remarqué que d’autres que lui seraient prêts à aller la voir s’il n’ouvrait pas les yeux plus tôt. Mais David n’ouvrirait pas les yeux. En tout cas pas tout de suite. Parce qu’il avait peur des conséquences. Mais ça, il ne l’avouera pas.
Marie